Quand on parle d’addiction : de quoi parle-t-on ?
En novembre 2021, une étude sur la prévention des pratiques addictives en entreprise commanditée par l’INRS a été réalisée par l’Institut Cemka auprès de 1245 professionnels des services de santé au travail (médecins, infirmiers, psychologues et ergonomes). L’objectif était d’évaluer leur perception des conduites addictives et d’identifier leurs pratiques en matière de prévention.
Historique :
L’étymologie du terme addiction est latine. Il vient de ad–dicere « dire à ». A l’époque de la civilisation romaine, les esclaves n’avaient pas de nom propre et étaient dits à leur maîtres. L’addiction exprime donc une absence d’indépendance, voire un esclavage !
D’autre part, dans le droit Romain le mot addictus désigne celui qui, du fait de ses dettes, était condamné à être esclave de ses créanciers. Ce terme fut conservé jusqu’à l’époque médiévale puisque « être addicté » consistait à être condamné à payer ses dettes par le travail à son créancier par suite d’une ordonnance d’un tribunal.
Enfin en Angleterre au XIVème siècle : l’addiction désigne la relation contractuelle de soumission d’un apprenti à son maître. Par extension, ce terme désignera des passions moralement répréhensibles pour enfin désigner (en langage populaire) toutes les passions dévorantes et toutes les dépendances dans le sens d’être « accroc » à quelque chose.
Et qu’en est-il des addictions dans le milieu professionnel ?
L’addiction se définie par l’impossibilité répétée de contrôler un comportement entraînant la poursuite de ce comportement en dépit de ses conséquences négatives (physiques, psychiques, familiales, professionnelles, sociales …).Il existe des addictions comportementales (jeu, achats, nourriture, sexe, internet …) et des addictions aux substances psychoactives (alcool, tabac, drogues …) qui se traduisent par l’usage nocif ou la dépendance.
Consommation d’alcool et de cannabis en milieu professionnel
Les substances psychoactives qui posent le plus de problème chez les travailleurs sont l’alcool pour 91 % des répondants, le tabac pour 66 %, le cannabis pour 64 % et enfin les médicaments psychotropes pour 43 %.
Pour 64 % des répondants, la consommation d’alcool et de cannabis est répandue au travail. Les médecins du travail évaluent à 8,6 % les salariés en difficulté avec l’alcool, sans augmentation significative par rapport à 2009. En revanche pour le cannabis, ce taux est aujourd’hui de 7 %, avec une augmentation de 2 points par rapport à 2009.
La place du service social dans la prévention des addictions
La prévention c’est avant tout empêcher qu’un fait ne survienne et pour cela repérer les débuts d’une conduite dangereuse et agir sur celle-ci.
Concernant les substances psychoactives (alcool, tabac, substances illicites), la prévention vise à empêcher la naissance et le développement d’une consommation susceptible d’induire des risques pour le consommateur pour les autres.
Ainsi, dans la continuité des interventions sociales d’intérêt collectif le SSIO propose à ses entreprises adhérentes des actions et moyens centrés sur la prévention des addictions en entreprise et la préservation de la santé des salariés.
Ces temps collectifs sont construits à partir des besoins exprimés par les entreprises. Ils participent à une démarche de prévention des comportements à risques et conduites addictives en milieu professionnel.
L’objectif de ces temps collectifs est d’échanger et sensibiliser chaque participant au risque de la dépendance et à ses effets tant sur le plan personnel que professionnel avec des focus sur le lieu de travail. Il s’agit également d’informer et modifier les représentations et de développer la capacité de chacun à faire des choix favorables à leur santé en mesurant notamment leur capacité à demander de l’aide.
En effet, les plans d’actions proposés contribuent à lutter contre la désinsertion professionnelle en s’appuyant sur des mesures ciblées : sensibiliser, former pour comprendre les comportements et consommations à risques, l’usage des substances qui peuvent conduire à des dysfonctionnements dans les organisations.
L’accompagnement social individuel participe, quant à lui, activement à l’identification d’un risque et s’inscrit de fait dans une démarche d’intervention précoce.
Les professionnels du SSIO assurent au quotidien, des entretiens d’accompagnement individuel des salariés confrontés à ces problématiques. Ces entretiens visent à mesurer une éventuelle combinaison de facteurs pouvant porter atteinte à la santé mentale et /ou physique des salariés. L’écoute active, la neutralité et le secret professionnel sont autant d’outils sur lesquels s’appuie le service social pour prendre la mesure du risque, aborder l’usage de substances ou la pratique de comportements à risques. S’appuyant sur le service de santé au travail et sur son réseau externe spécialisé, l’assistant de service social est une première porte d’entrée vers la prévention et l’accompagnement psychosocial du salarié en situation d’addiction et de son entourage.